Indochine, le grand cinéma du Black City Tour 2


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Le groupe emmené par Nicola Sirkis a fait sensation au Zénith de Rouen jeudi 17 octobre grâce à un concert  aux images spectaculaires projetées sur une toile circulaire enveloppant le public.

C’est sans doute la plus grande tournée d’Indochine. Trois ans après le Meteor Tour qui a réuni 800 000 spectateurs, marqué par un Stade de France rempli à bloc (80 000 personnes), le groupe de Nicola Sirkis est de nouveau sur la route, depuis la sortie en février de son dernier album «Black City Parade ». Dans la foulée du concert du Main Square Festival début juillet, Indochine a lancé le deuxième étage de sa tournée  «Black City Tour 2 » qui prévoit une série de Zénith déjà tous complets et un final au Stade de France le 27 juin et le 28 juin.

Au Zénith de Rouen, le groupe a dévoilé, jeudi 17 octobre, son nouveau spectacle. Un show spectaculaire très visuel aux ambiances rock et aux images panoramiques grâce à l’utilisation d’un système baptisé « le serpent » : « c’est le summum de ce qu’on avait avec la tournée Meteor où il y avait cinq écrans » confie Nicola Sirkis. Sur une toile circulaire de 360 degrés enveloppant le public de la fosse, sont projetées des images de toute beauté.
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Des images en noir et blanc qui, dès l’ouverture, nous plongent dans des atmosphères de villes la nuit, sur lesquelles résonne le titre « Black City Parade ». Sur «Traffic Girl», les canons à confettis explosent sur fond de puissantes guitares rock et d’univers de solitude urbaine. Entouré de six musiciens, Nicola Sirkis, voix légèrement cassée par une bronchite, enchaîne avec «Memoria», «Little Dolls», «Miss Paramount » et fait monter la pression dans une atmosphère de fournaise : «Putain de chaleur ce soir au Zénith !» lance-t-il visiblement touché par l’accueil chaleureux du public normand.

Les chansons font écho aux vidéos des écrans grand format quand soudain sur «Wuppertal », hommage à Pina Bausch, apparait la silhouette d’Alice  Renavand, première danseuse du ballet de l’Opéra de Paris. Moments de grâce et d’émotion : « Elle est magnifique dit Nicola Sirkis. Quand on la filmée, elle a plié tout le monde. Pour le Stade de France, on étudie un autre système de projections d’images car on est en plein air. Mais on va garder ces moments avec Alice Renavand et peut-être viendra-t-elle aussi en live ». Quand vient le titre «J’ai demandé à la lune», repris en chœur par la foule, tous les portables s’allument. Indochine offre un show généreux sans oublier les anciennes chansons «Tes Yeux noirs», « L’aventurier » ou « Alice&June».
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La séquence Black City Club, transforme alors le Zénith en dancefloor où tout le monde chante « Canary Bay », «Paradize», « Des Fleurs pour Salinger» ou «3ème sexe». La température monte encore sur «3 nuits par semaine» quand Nicola Sirkis grimpe dans les gradins et traverse le public, avant de revenir à des moments plus intimes en interprétant «The Lovers» accompagné au piano par Oli de Sat, compositeur et arrangeur des derniers albums d’Indochine. Une prestation magique d’un groupe qui, trente ans après ses débuts, continue de créer l’événement, porté par un public intergénérationnel. Au rappel, Sirkis et ses musiciens reviennent avec «Le fond de l’air est rouge » hommage à Chris Marker accompagné d’images de manifs. La révolution Indochine !

Tournée Black City Tour 2 jusqu’au 12 mars et au Stade de France le 27 juin et le 28 juin

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Interview de Nicola Sirkis : http://www.humanite.fr/culture/nicola-sirkis-une-societe-tres-violente-avec-la-di-515363

 




Patrick Bruel aux Vieilles Charrues: « J’ai l’impression d’être devenu celui que je voulais être »


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Patrick Bruel sera aux Vieilles Charrues vendredi 19 juillet en remplacement d’Elton John. Un événement pour le chanteur qui se produira pour la première fois au célèbre festival de  Carhaix en Bretagne.

C’est confirmé! Patrick Bruel sera au festival des Vieilles Charrues vendredi 19 juillet sur la scène Glenmor, en lieu et place du concert d’Elton John, qui a annulé sa tournée pour raison de santé. Pour le chanteur qui  va se produire devant 45000 personnes, c’est un événement car ce sera la première fois qu’il chantera au célèbre festival de Carhaix en Bretagne. Un défi supplémentaire pour l’artiste qui prend goût aux rassemblements en plein air. En 2001, on se souvient qu’il avait donné un concert géant à la Fête de l’Humanité devant plus de 60 000 personnes et fin juillet, il chantera au Paleo festival à Nyon. Le chanteuren tournée jusqu’au 23 mai 2014 ne cache d’ailleurs pas son rêve de se produire un jour au Stade de France! La période de la bruelmania des débuts de «Patriiiiick!» est bel et bien derrière lui. Elle a laissé place à un artiste au sommet de son art, habité par une plénitude artistique. A l’image du magnifique spectacle qu’il vient de donner aux Francofolies en ouverture du festival.

Aux Francofolies vendredi dernier, c’était votre quatrième prestation depuis votre première venue sur la scène du Gabut en 1987 où l’on a entendu pour la première fois  «Casser la voix». Tout le monde s’accorde pour dire que vous avez donné un très beau concert. Comment l’avez-vous vécu?

Patrick Bruel. C’était le plus fort, le plus abouti. J’ai eu l’impression que la boucle était bouclée. J’attendais beaucoup des Francos, je ne pouvais pas espérer mieux. J’ai l’impression d’être devenu celui que je voulais être en 1987 quand je regardais un artiste comme Jacques Higelin. Je me disais, «c’est un artiste libre, mature, qui peut se permettre toutes les audaces et embarquer les gens dans son voyage». C’est ce que je voulais, que les gens me suivent dans mon voyage.

 

Un voyage  qui va de la chanson française, à la musique classique de Chopin, hip-hop, pop-rock ou valse musette. C’est la liberté absolue!

Patrick Bruel. En gardant une cohérence qui est le personnage que je suis, quelqu’un qui a grandi dans un éclectisme. Quand j’avais 5-6 ans, à la maison on écoutait Brassens, Brel, Ferré, les Stones, les Beatles, de l’opéra. Je n’ai pas été élevé dans le clivage. J’ai toujours assumé d’aimer des genres qui pouvaient avoir en même temps une vraie antinomie. Cela voulait dire qu’il fallait que je leur trouve une cohérence. Mon spectacle raconte une histoire et les chansons ont, à mon sens, le costume qui s’impose.

On sent énormément de complicité et d’amour de la part des gens.

Comment faites-vous pour installer cette relation magique entre vous et le public ?

Patrick Bruel. C’est de l’ordre de l’indicible. Je dirais que cette complicité qui dure depuis plus de vingt-cinq ans est composée de codes. Il y a des codes entre les gens et moi qui s’installent dès la première seconde, mais déjà avant même que j’arrive. Il y a des gestes, des refrains que les gens reprennent et puis il y a ces silences d’une chanson comme «Je serai là pour la suite». Une chanson que j’ai écrite pour un homme qui ne peut pas voir son fils grandir qui est au parloir avec sa femme. Je suis là, juste guitare-voix, seul au milieu du public de Saint-Jean d’Acre en train de chanter, dans ce silence incroyable qui succède à un «Alors regarde » puissantissime alors qu’après ça repart en valse-musette. Ce sont des univers différents, mais au fond ça prend. Et de voir le public qui est très réactif, sensible aux interrogations sociales aux sujets de société, c’est merveilleux.

 

Vous abordez effectivement différents sujets, légers ou graves et là encore c’est un petit miracle de constater que tout cela passe de manière fluide.

Patrick Bruel. Parce que c’est la vie. Finalement, c’est comme dans un dîner entre amis. Dans une soirée, on passe en revue une quinzaine de sujets, on lance des blagues et on enchaîne sur autre chose. Un concert, c’est un peu ça. C’est venu sur la tournée précédente où j’étais en spectacle acoustique, seul avec une guitare. J’ai commencé dans des salles de 700 places et j’ai fini dans des lieux de 15 000 places. Pour le premier concert, je n’avais pas d’ordre de chansons. Je me disais «je viens passer une soirée chez des gens, advienne que pourra ! »

Chanteur, acteur au cinéma et au théâtre… comme faites-vous pour concilier toutes vos passions ?

Patrick Bruel. L’emploi du temps est bousculé, mais c’est un égal bonheur. Le point culminant, c’est évidemment ce que je vis sur scène lors des concerts. Aucun acteur au monde ne peut vivre ça. Par contre, il n’y a pas beaucoup de chanteurs qui peuvent recevoir l’émotion d’une d’un film ou d’une pièce où à chaque phrase la salle s’embrase et rit. Ce sont des moments de vie qui sont chers. Le cinéma ou le théâtre apporte cela. Là, je vais rencontrer Sophie Marceau pour un film à partir du mois d’août, c’est une jolie manière de finir l’été ! (rires). Et après je repars en tournée pour vivre tous ses moments d’euphorie.

Vous aimez vous lancer des défis puisque vous serez pour la première fois aux Vieilles Charrues vendredi 19 juillet. Pas trop impressionné ?

Patrick Bruel. On devait finir la tournée l’année prochaine là-bas. Et Elton John ayant annulé sa tournée à cause d’une appendicite aigue, les organisateurs ont pensé à moi pour le remplacer. Je vais passer vers 19h et ensuite, il y a M. Je pense qu’on peut se partager le même public. Ce n’est pas comme si derrière moi, il y avait un groupe de heavy metal. Je ferai un clin d’œil à Elton John en interprétant sûrement une de ses chansons. Je suis super content d’aller aux Vieilles Charrues. Cali, Benabar, Biolay m’ont tous dit: «Tu vas t’éclater et  vivre un rêve. C’est formidable, tu vas adorer!». J’espère qu’il y aura la même ferveur qu’aux Francofolies.

Zénith, Bercy…vous vous êtes souvent produits dans les plus grandes salles de l’hexagone. Il ne reste plus que le Stade de France!

Patrick Bruel. L’idée me plairait, mais il faut trouver le bon moment. Je ne voudrais pas ne jamais l’avoir fait. Il y aura une manière de finir en beauté cette tournée quoiqu’il arrive.

Entretien réalisé par Victor Hache

 

Nicola Sirkis : « La société est très violente avec la différence »


Le chanteur d’Indochine sort le sublime Black City Parade. Un album à l’univers urbain, à la pop-rock élégante et puissante.

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Votre dernière tournée, le Météor Tour, qui vous a conduit jusqu’au Stade de France, a rassemblé plus de 800 000 personnes. Comment fait-on pour redescendre sur terre après un tel succès ?

Nicola Sirkis. Il faut accepter de perdre tous ses privilèges. Du jour au lendemain, il faut s’arrêter. C’est la seule façon de pouvoir se renouveler et y croire encore. Avec le Stade de France (2010 ), on était arrivés à une apothéose. C’était un moment magique de plus. Il y a une légende dans le rock qui dit que les meilleurs albums, c’est les trois premiers et qu’après ce n’est que de la redite. Nous, on a cette chance que chaque album est attendu vraiment comme le messie par beaucoup de gens. Ils ont encore envie d’écouter les anciennes chansons mais aussi les nouvelles.

Black City Parade a été enregistré et mixé entre Paris, Berlin, Bruxelles et New York. L’inspiration urbaine, c’est un bon moteur à la création ?

Nicola Sirkis. On est plutôt à se retirer à la campagne pour être tranquilles vu que l’on vit pratiquement tous en ville. Les deux derniers albums ont été composés comme cela dans des endroits solitaires. Là, j’avais un besoin d’urbanité, de changer d’air, d’être confronté à des univers différents, Bruxelles, Berlin, New York. On a voulu baptiser cet album Black City Parade parce que, dans une ville éclairée la nuit, il y a un esthétisme extrêmement fascinant. Me promener dans Tokyo avec ses buildings, ses lumières qui clignotent de tous les côtés, j’avais l’impression de me retrouver dans des albums de science-fiction. Voir une ville d’avion la nuit, c’est un peu comme survoler un corps humain lumineux avec ses vaisseaux sanguins qui se fluidifient de tous les côtés. Une ville, c’est toute une atmosphère. D’un trottoir à l’autre, il y a du bonheur et du malheur, de l’extrême richesse et de l’extrême pauvreté, ces confrontations, cette violence et cet amour. Il y a du sexe, la mort, la vie, tout ça dans un lieu pas si grand que cela finalement. C’est une parade de sentiments.

La chanson College Boy est très d’actualité puisqu’elle évoque l’homophobie …

Nicola Sirkis. C’est l’homophobie et le côté d’être tout d’un coup dans une école, collège anglais, québécois, français. Quand je suis arrivé en France venant de Bruxelles à treize ans, où j’étais en pension chez les jésuites, je n’étais pas dans le mood. J’ai été directement à Douai. On n’était pas du quartier et on nous l’a bien fait sentir. C’est difficile quand on est jeune. Comme ça doit être très difficile pour un jeune de banlieue ou du 16e d’être dans un lycée et dire qu’il est homosexuel. C’est l’implacabilité de la société à être très violente avec la différence. Mais on est légitime parce qu’on a écrit une chanson il y a trente ans, Troisième Sexe, qui parlait déjà de l’intolérance vestimentaire, de la différence et de la bisexualité. On est atterrés qu’elle soit toujours d’actualité.

Que vous inspire le débat auquel on a assisté sur le mariage pour tous ?

Nicola Sirkis. Je suis attristé de voir que, pour la première fois, les gens ont manifesté en masse, non parce qu’on leur enlève un droit, mais pour ne pas donner un droit à d’autres gens. C’est terrifiant. Si on reporte ça à l’histoire du monde, des gens ont manifesté aux États-Unis pour ne pas donner le droit de vote aux Noirs ou le droit de voyager dans des bus aux Noirs. L’enfant n’est pas en danger dans un couple homosexuel. Le repère du père ou de la mère, on est en 2013, il faut vivre avec son temps. J’ai l’impression qu’une partie des gens qui ont manifesté le 13 janvier vont changer d’avis et même, peut-être, dans quelques années, avoir honte d’y avoir participé.

Votre esthétique a toujours été empreinte de noirceur. Et là vous signez un titre baptisé Le fond de l’air est rouge. Paradoxe ?

Nicola Sirkis. C’est basé sur le printemps du Québec. Le titre est un hommage à Chris Marker et son film Le fond de l’air est rouge, une tétralogie sur l’histoire de la gauche du début du siècle à aujourd’hui. Un film qui m’a énormément touché quand j’étais adolescent. Les mouvements du Québec, je trouvais qu’on n’en parlait pas beaucoup en France. Il se passait là-bas quelque chose de fort, une sorte de Mai 68 pour eux. C’était la première fois en Amérique du Nord qu’on assistait à des mouvements comme ça. Ils se révoltaient parce que le droit scolaire avait augmenté, mais la réaction des politiques en face a été extrêmement violente. La chanson est partie de là.

Comment expliquez-vous qu’Indochine continue d’avoir du succès trente ans après ses débuts ?

Nicola Sirkis. Ce qui sauve ce groupe aujourd’hui, c’est son exigence, alors qu’au début c’était son inconscience. Il n’y a pas de demi-mesure avec Indochine : on aime ou on déteste. Ce groupe ne laisse vraiment pas indifférent et, à chaque fois, il y a des nouveaux publics qui arrivent. C’est galvanisant !

Album Black City Parade Sony Music/Arista. Tournée à partir du 21 février.

La parade d’Indochine  Indochine a un vrai sens des mélodies fédératrices. Black City Parade n’échappe pas à la règle avec cette fois un univers voyageur, l’album ayant été réalisé entre Paris, Berlin, Bruxelles, Tokyo ou New York. Une inspiration urbaine qui a galvanisé le groupe dont on retrouve l’esthétique sombre et dansante. Noire ou lumineuse, la parade d’Indochine évoque la comédie humaine des villes de jour ou de nuit. Joie, colère, amour, souffrance, sexe, racisme, homophobie… les thèmes des chansons font écho à une pop-rock puissante et élégante, entre guitares, synthés et la voix qui ne vieillit pas de Nicola Sirkis. Un album magnifiquement produit qui devrait conduire le groupe sur la route du succès, avec une tournée qui passera par le Stade de France en juin 2014.

Entretien réalisé par Victor Hacheimages