Succès du Printemps de Bourges


La 37e édition du festival qui s’est achevée dimanche, où se sont produits plus de 140 artistes, a enregistré une hausse de fréquentation. Et devrait être légèrement « bénéficiaire ».


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Bourges (Cher), 
 envoyé spécial. Le Printemps de Bourges s’est achevé, dimanche, par une fréquentation en hausse avec 53 700 spectateurs payants contre 50 700 l’an dernier. Le festival a ainsi connu une fréquentation globale de 210 000 spectateurs sur l’ensemble du site. Si l’on compare le budget des dépenses (5,95 millions) et celui des recettes (5,98 millions), l’événement devrait être légèrement « bénéficiaire » selon Daniel Colling, le patron du Printemps. « On retombe sur nos pieds sur le plan financier parce qu’on a fait un budget tenant compte de la crise », a-t-il souligné.

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Le Printemps a présenté 140 artistes dans les salles payantes et 90 qui se sont produits sur les scènes extérieures gratuites. En termes de taux de remplissage (82 %), les organisateurs sont satisfaits. On note quelques déceptions cependant, comme le spectacle de C2C qui n’a pas attiré autant de spectateurs qu’espéré. On s’attendait également à plus de monde pour l’affiche Benjamin Biolay-Mika au W jeudi, ainsi que pour la soirée reggae de vendredi où se produisait notamment Alpha Blondy.

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À l’inverse, les spectacles de Woodkid et de La Rue Ketanou au palais d’Auron ont connu une forte affluence, tout comme la Rock’n’beat, qui a enregistré 10 000 personnes, ou le concert de Sexion d’Assaut d’hier avec 9 000 spectateurs. Côté changement, Christophe Davy, le directeur artistique de l’événement, a confirmé son départ après quatorze ans de collaboration. Arrivé en 1999, il estime aujourd’hui que le Printemps doit évoluer. « C’est bien de laisser la place, a-t-il précisé, d’ouvrir la fenêtre pour qu’il y ait de l’air qui arrive. »

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La très belle prestation de Patti Smith à la cathédrale aura marqué le festival ainsi que la création réunissant Barbara Carlotti, Youssoupha et Rover autour de l’Ensemble Echoes du violoncelliste Gaspar Claus au Théâtre Jacques-Cœur.

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Enfin, le prix des inouïs, scène de découvertes du Printemps, a été attribué au collectif parisien Fauve, tandis que le rappeur de Perpignan Nemir et le groupe Archipel ont reçu le prix du jury, présidé par Orelsan.

Le Printemps de Bourges réfléchit à son avenir


Bourges, envoyé spécial. Daniel Colling, le patron du Printemps  a confirmé que des discussions étaient en cours sur le devenir du festival qui pourrait être proposé à la vente aux collectivités locales.

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Le Printemps de Bourges sera-t-il repris par des producteurs privés ou par des partenaires publics ? La question est sur toutes les lèvres  à Bourges depuis que Daniel Colling, le directeur du Printemps  a annoncé «avoir commencé à réfléchir avec les collectivités locales sur l’avenir du festival ».
Co-fondateur en 1977 du Printemps de Bourges, il laisse entendre depuis  quelques années qu’il pourrait passer la main, sans qu’il ait pris encore de véritable décision. Mais plus ça va, plus les choses se précisent : «effectivement, on a commencé à réfléchir avec les collectivités locales à l’après-Colling»  a-t-il dit en marge d’un point de presse de la ministre de la culture Aurélie Filippetti, en visite hier sur le festival. Il a ainsi indiqué qu’il dirigerait « les Printemps 2014, 2015 et peut-être 2016 qui sera le 40ème, donc on se donne le temps ».

http://www.humanite.fr/culture/belle-journee-de-printemps-pour-pierre-laurent-526487

Une décision d’autant plus délicate à prendre qu’elle pourrait entraîner une réorganisation des structures du Printemps. Selon le quotidien Le Monde, le directeur songerait à vendre le festival à un consortium composé de la ville de Bourges, la communauté d’agglomération, le département du Cher et la région Centre. Une solution qui permettrait aux collectivités locales qui subventionnent déjà  le festival, d’éviter une délocalisation du Printemps dans l’hypothèse d’une vente à un acteur privé.

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http://www.humanite.fr/culture/woodkid-tres-attendu-bourges-526486

Le Printemps va-t-il changer de mains et être géré par les services publics? Pour le moment, les discussions porteraient sur la marque « Printemps de Bourges », dont Daniel Colling est le propriétaire. En cas de cession, les collectivités locales devraient alors constituer une Société d’économie mixte (SEM) afin de reprendre les activités du festival. Dans tous les cas, cela ne pourrait se faire qu’après les élections municipales de 2014. Parmi les obstacles, il y a le montant de la marque estimé à 3 millions d’Euros, jugé excessif. Une autre difficulté serait la constitution du tour de table entre la ville, l’agglomération, le département et la région. « Nous sommes tous d’accord pour que le Printemps continue » a souligné Daniel Colling, mais il y a deux manières de le faire, soit avec des structures privées, soit avec structures publiques ou parapubliques. C’est la réflexion qu’on doit mener dans les mois qui viennent ». Affaire à suivre.

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Babx : « Le format chanson que l’on rabâche m’ennuie »


Envoyé spécial à Bourges. Le chanteur, qui sera ce soir à l’Auditorium, revient avec Drones personnels. Un album très inventif qui résonne comme un dialogue entre l’homme et la machine.

Babx

Quelle lecture faites-vous du titre 
de votre album 
Drones personnels ?

Babx. Je voulais prendre le contre-pied de mon précédent disque Cristal Ball-room qui était très acoustique, dans une imaginaire fin d’empire, XIXe siècle. Là, je souhaitais un album qui soit vraiment ancré dans notre époque avec toutes ces machines, ces circuits, ces guerres et ces ruminements de partout. Un univers qui soit comme un dialogue, entre l’homme et la machine, un peu comme une dualité. Ça m’est venu en réécoutant Laurie Anderson et son album 
O Superman que j’écoutais beaucoup, enfant. C’est comme une fiction rêvée, inspirée de ces pionniers du XXe siècle, de gens comme Jules Verne qui prévoyaient ce que ce serait le XXIe siècle, avec toutes ces machines volantes. Drones personnels, c’est un peu nos émotions, nos peurs, devant ces machines, ces avions sans pilote d’aujourd’hui qui nous tournent autour, nous bombardent, nous espionnent, nous traquent. J’avais cette volonté que si, dans quarante ans, on débusquait par hasard cet album, les gens puissent avoir une petite idée de comment je voyais cette époque. Ce qu’on entendait, quels étaient les sons, les sentiments ressentis.

Diriez-vous qu’il s’agit 
d’une sorte d’odyssée musicale et spatiale ?

Babx. Oui, dans le sens où, durant l’écriture de l’album, je me suis plongé de manière obsessionnelle dans les imageries de la Nasa, des téle
scopes. J’ai été marqué par un documentaire Nostalgie de la lumière, qui se passait dans le désert d’Atacama où il y a le plus grand observatoire spatial du monde. Pour mon album, je voulais quelque chose de rugueux, terrestre, voire rural et, en même temps, quelque chose qui soit stellaire, qui regarde vers le ciel. Je n’ai eu d’obsession dans ce disque que de dire aux musiciens et de me répéter à moi-même qu’on sente ces deux niveaux, ces strates qui ne communiquent pas entre elles et qui sont, en même temps, totalement interdépendantes.

Votre proposition musicale 
où se mêlent l’électro et la pop a une dimension expérimentale, hors format. Est-ce ainsi que vous entendez le mot chanson aujourd’hui ?

Babx. Disons que le format chanson, tel qu’on le rabâche depuis des années, m’ennuie un peu car il est souvent sans surprise. Si c’est juste un couplet et un refrain de 3 minutes 30, je préfère faire autre chose. J’ai voulu me laisser être le plus libre possible par rapport à la forme. Il n’y pas de règle. Pour moi une chanson, c’est un écrin où on peut faire passer toutes sortes de choses, d’expérimentations. Mais je souhaitais aussi que cela reste accessible, que les sentiments soient simples. J’ai à cœur, à mon niveau, d’emmener la chanson autre part…

Côté projet, on parle 
d’un opéra que vous seriez 
en train d’écrire…

Babx. J’ai fait une présentation à New York, en novembre, au chef d’orchestre du Metropolis Ensemble avec lequel je vais jouer. Je lui ai proposé de travailler sur une vision mythologique de Nikola Tesla, un ingénieur, américain dont les travaux portaient sur l’énergie électrique, qui a inventé un millier de choses. Pour moi, c’est un peu le mythe de Prométhée moderne. L’idée, c’est de faire une galerie de portraits un peu rêvée, un spectacle qu’on jouerait entre New York et Paris en 2014. On m’a proposé ce projet au moment où je commençais à écrire mon disque. Cette vision de l’électricité, des sciences, des machines a plané largement dans mon univers. Finalement, il y a une vraie cohérence à poursuivre avec cet opéra qui sera proche de mon langage musical mais avec un orchestre, un vrai livret chanté du début à la fin…

Babx, le 26 avril,17 heures, à l’Auditorium. Album Drones personnels, Wagram Music.

Printemps de Bourges : Divine Patti Smith à la Cathédrale de Bourges


Bourges, envoyé spécial. L’icône punk-rock américaine a donné un concert absolument magique empreint de ferveur et d’émotion sous la nef gothique de la cité berruyère.

C’est un pur moment de grâce qu’a offert Patti Smith mercredi soir à la cathédrale de Bourges. Un moment absolument magique où l’icône rock a donné un concert qui restera dans les annales comme l’un des plus beaux du festival. Devant un parterre de près de 1000 personnes, Patti Smith en veste bleue et jeans, coiffée d’un bonnet laissant apparaitre ses longs cheveux, est venue simplement accompagnée de son guitariste-pianiste Tony Shanahan.

Mains tendues vers le ciel, souriante, regard tourné vers la majestueuse voûte gothique, la chanteuse américaine paraissait visiblement heureuse de se produire dans ce cadre chargé de spiritualité : « Je ne suis pas croyante » avait-elle précisé dans l’après-midi lors d’une conférence de presse : « chanter dans une cathédrale, au-delà de toute connotation religieuse, cela signifie beaucoup. Je me dois d’être humble. Être dans un endroit où il y a tant de gens qui ont prié, sans que ce soit forcément vers Dieu, cela me fait quelque chose ».

 

Une expérience particulière pour Patti Smith qui a expliqué qu’elle ne prévoyait jamais les choses à l’avance, ni même les chansons qu’elle allait interprétait. Tout dépend de l’humeur, du cadre et des envies du moment : « Je vais sur les lieux du concert, je m’imprègne des gens et je décide de ce que je fais ».

La formule acoustique, guitare-piano-voix, était parfaite pour l’occasion. La chanteuse avait ainsi choisi un répertoire à la poésie intimiste aux contours mystiques en harmonie avec l’édifice religieux: « Pour moi, tout est connecté dit-elle, la spiritualité et la musique. On la retrouve partout. Que ce soit dans une église, une salle de concert ou dans un festival, ce n’est jamais facile, l’acoustique peut changer et les gens sont intimidés. Dans une église, il ne faut pas avoir d’être humain ».

Sous la nef, d’une voix puissante et chargée d’émotion, Patti ressemblait presque à une prêtresse rock évoquant, l’amour, Jésus-Christ ou son espoir d’un futur meilleur. Ses paroles sont des prières pour un monde plus humain où la nature également serait respectée : « Je pense qu’il est très important de sauver la planète. Nous devons garder ça en tête et travailler tous à la sauvegarde l’environnement ».

Un concert plein de ferveur et de souvenirs. La chanteuse a ainsi dédié plusieurs de ses chansons aux absents auxquels elles pensent très souvent. L’actrice Maria Schneider, son mari Fred « Sonic » Smith ou encore le chanteur Richie Havens qui vient de nous quitter pour lequel elle a interprété Here come the sun afin de « l’accompagner dans son long voyage ». Un spectacle d’une grande pureté émotionnelle où les mots de l’ancienne figure du mouvement punk-rock reflètent ses engagements. Après Pissing in a river et Because the night, elle a interprété People have the power devant un public conquis qui lui a accordé un standing ovation (1). L’avenir ? A 66 ans elle y pense, songeant peut-être à une vie plus paisible mais tout aussi créative : « J’ai des livres et des scripts à écrire, des expositions et des installations d’art à réaliser. Et quand je serai vieille, sourit-elle, je me vois bien au bord de la mer avec une chèvre et un chien, c’est mon rêve ».