Jean Ferrat au cœur de ses amis


ferrat1AmisJean Ferrat – Samedi 28 mars, les Amis de l’Humanité ont célébré le chanteur en compagnie de Colette Ferrat, Jack Ralite, Ernest Pignon-Ernest, Jean-François Kahn et Marc Perrone.

Cinq ans après sa disparition, nous n’arrivons pas à nous faire à l’idée que Ferrat n’est plus. Nous n’avons pas oublié notre ami Jean et ses chansons continuent d’habiter nos cœurs. Quel plus beau cadeau pour un artiste que d’être ainsi célébré ? Il est question d’amour, bien sûr, pour un homme qui a su magnifiquement incarner nos espoirs, nos luttes et nos désirs de poésie. Ferrat est vivant à jamais chez tous ceux qui l’ont aimé, orphelins de ses mots qui nous ont mille fois aidés à vivre. Samedi après-midi, à la Maison des métallos, à l’invitation de Colette Ferrat, son épouse, et des Amis de l’Humanité, plus de trois cents personnes étaient là pour évoquer la mémoire du chanteur d’Antraigues. Nous n’étions pas venus pour pleurer le poète, mais pour dire combien il a contribué à nous faire avancer vers ce vivre-ensemble dont nous avons tant besoin. Ferrat, c’était la fraternité d’une France aujourd’hui si malmenée et tellement fragmentée.

Bienveillance, sourires, tendresse et amitié, c’était tout ça Ferrat

Dans la salle, on remarque la présence de Patrick Le Hyaric, directeur de l’Humanité, député européen, Patrick Bloche, maire du 11e arrondissement, député (PS), et de Christiane Taubira, ministre de la Justice, qui tenait à assister à cet après-midi tout en émotion, resta jusque tard, discutant à bâtons rompus avec les lecteurs du journal, promettant même d’adhérer aux Amis de l’Humanité ! Ferrat était au cœur de ces moments de souvenirs rythmés par les images de Jean au stand des Amis de l’Humanité en 2004, à l’occasion du centenaire du journal et de l’exposition « Jean des Sources, Jean des Encres ». Aujourd’hui, dans ce Paris populaire, que vient-on chercher ? Des regards bienveillants, des sourires pleins de tendresse, de l’amitié. C’était tout cela, Ferrat, que l’on voit chanter Ma France a cappella, dans un stand des Amis bondé. Charles Silvestre et Jean-Emmanuel Ducoin rappellent ces instants de ferveur où l’on aperçoit Roland Leroy, Edmonde Charles-Roux ou le parolier Guy Thomas raconter avec drôlerie son ami Ferrat. Sur la scène de la Maison des métallos, Colette Ferrat se souvient des doux moments passés au côté du chanteur : « J’étais avec lui, cela me suffisait largement. J’étais derrière lui par amour, par fidélité, j’étais avec lui totalement. Jean était l’homme intègre, honnête, droit que vous avez connu, qui n’a jamais changé, avec une grande envie de partage, une générosité. Il était toujours à l’écoute des autres. »

Le peintre Ernest Pignon-Ernest revient, lui, sur la genèse de l’affiche du portrait au fusain de Ferrat qu’il a dessiné dans son atelier d’Ivry. Il évoque les références à l’histoire, le compagnon de route des communistes qui avait une grande exigence intellectuelle. « Il a tellement compté pour nous », souligne le président des Amis de l’Humanité : « Des chansons comme le Bilan et Camarade ont répondu à des trucs qui nous avaient blessés. Quand il dit, à propos du bilan globalement positif, “le passif, c’est combien de millions de morts ?” ou quand il chante “que venez-vous faire camarade ?”, ce sont des choses dont nous avions besoin qu’elles soient dites. Et c’est Jean qui a dû les dire vraiment très fort. Ça a été important. »

ferrat_amis2

Le journaliste Jean-François Kahn a découvert le chanteur lorsqu’il était en Algérie comme envoyé spécial permanent du journal le Monde : « C’était en 1963 et j’ai entendu Ma Môme. Tout à coup on parle du petit peuple, ce qu’on ne faisait plus dans la chanson. Pour moi, c’était important cette chanson qui disait les choses, qui affrontait les problèmes réels. Il y a une époque dont on paie aujourd’hui les résultats où on ne pouvait pas parler du peuple sans être accusé de populiste. Une époque aussi où on ne pouvait pas chanter Ma France sans être accusé de nationaliste. Dans les deux cas, ne serait-ce que pour cela, je trouve qu’il y a une actualité de Jean Ferrat. Il faut retrouver le sens populaire et républicain de la France comme il faut retrouver le sens républicain du peuple. »

Ferrat portait haut le drapeau de la culture. « Il était un guetteur à qui rien n’échappe, précise Jack Ralite. Il était un manifestant en chanson, en poète, en action. Il a participé des années durant à la bataille pour la culture à travers une militance minutieuse. En politique, Jean Ferrat était un juste. Il fut une luciole, c’était une conscience, un pont, un courageux pour donner un avenir à nos origines. “Se souvenir de l’avenir”, disait Aragon qu’il chanta si bien. Ce chanteur jusqu’au bout de lui a fait ce qu’il a pu. » Marc Perrone, lui aussi, a été marqué par la chanson Ma Môme lorsqu’il était adolescent : « Je l’ai ressentie comme un scénario de cinéma. J’y ai vu le décor dans lequel je vivais. Quand je partais de la cité des 4 000 pour aller au collège ou au lycée à Aubervilliers, je passais devant des murs d’usine. J’ai pris conscience que tous ces murs un peu gris, tristes, ces rues mal pavées, c’était beau et que j’avais de la chance d’habiter là. C’est vrai qu’on pourrait taxer cela de populiste, mais moi je penserais plutôt au mot néoréaliste du cinéma italien. » Il y eut d’autres moments d’émotion lorsque la vibrante Francesca Solleville chanta Je ne suis qu’un cri, Nuit et brouillard, J’entends, j’entends, Que serais-je sans toi ou Aimer à perdre la raison en duo avec François Marthouret. L’acteur dont la belle voix grave nous laisse avec les paroles de Ferrat aux banquets d’Antraigues en 1997, inquiet déjà de l’évolution du monde : « Je ne me résous pas au rejet, je ne me résous pas à la haine, je ne me résous pas à la bêtise du désespoir. » Des mots toujours d’actualité.

Michel Drucker: « Je me suis souvent battu pour Jean Ferrat»


drucker1Entretien Michel Drucker – Le Grand Show consacré à Ferrat ce samedi sur
France 2, à 20 h 30, va faire événement. Une émission à laquelle tenait Michel Drucker, ami de longue date du chanteur.

On connaît vos liens d’amitié avec Jean Ferrat. En quoi a-t-il joué un rôle important dans votre vie ?

Michel Drucker Jean, c’est une aventure de quarante ans. C’est au moment de sa mort qu’on a découvert l’amitié qui nous liait. Il m’a toujours fait confiance, eu un œil bienveillant sur ma carrière. On avait des non-dits en commun. Personne ne le sait, mais mon père a sans doute croisé le père de Jean Tenenbaum à Drancy. Il y était en même temps que lui en 1942. Mon père a été à Compiègne et à Drancy, a échappé aux wagons plombés, ce qui n’a pas été le cas de son père. Je me suis souvent battu pour Jean et bizarrement les patrons des chaînes me faisaient confiance. Dans l’émission de samedi soir, je parle de la chanson À la une, quand j’étais sur TF1 lors d’un Grand Show consacré à Ferrat, depuis le pavillon Baltard. Une chanson où il dénonçait tous les excès du voyeurisme de certaines émissions, « je me suis demandé comment faire passer ça ? ». On verra des images où il lit un extrait de la lettre qu’il a écrite à Étienne Mougeotte pour le remercier. Je me souviens qu’un mois avant la diffusion, Étienne m’a dit « la chanson est très violente pour nous, je ne peux pas prendre la responsabilité tout seul », vois avec 
Patrick Le Lay. C’est tout juste si on ne l’a pas fait écouter à Francis Bouygues (rires) ! Je les ai convaincus en leur disant qu’ils avaient tort et qu’il fallait laisser passer la chanson : « Que TF1 accepte qu’un artiste, et pas n’importe lequel, attaque la chaîne dans une chanson, c’est tout bénéfice pour vous. Ça vous donne une image libérale. Si vous coupez la chanson, il a déjà connu ça avec Potemkine, avec Nuit et Brouillard, avec le Bilan, avecCamarade… ça fera un scandale. » Ils m’ont fait confiance, sous-entendu, rendez-vous au sondage. Et on a fait 44 % de parts de marché qui est, avec le Grand Bluff, le record d’audience de toute l’histoire de TF1 pour une émission de variétés !

Samedi soir, le Grand Show va être une émission spéciale, dans la mesure où l’on verra des chanteurs qui ne sont pas de sa génération lui rendre hommage…

Michel Drucker Le seul chanteur de sa génération, c’est moi (rires) ! Je voulais chanter Nul ne guérit de son enfance, une chanson que j’adore et qui résume tout, dans laquelle il parle de son père. Ça va être un Grand Show très particulier sur l’ensemble de sa carrière. Avec un montage des grandes chansons interprétées par lui et par d’autres, un montage sur l’Ardèche, sur la censure et sur le chanteur engagé. À chaque fois, c’est moi qui fais le commentaire. C’est la première fois que je fais ça. Je m’adresse à Jean. J’ai voulu que ce soit un panorama complet, assez fidèle à ce qu’il aurait aimé. J’ai souhaité que Daniel Guichard soit présent car la plupart des gens ignorent que la musique de Mon vieux, c’est Jean Ferrat. Bénabar va chanter Potemkine, Barbelivien, qui a fait une chanson magnifique sur Ferrat, Jean de France. Tous ceux qui sont sur le disque Des airs de liberté ont une légitimité pour chanter Ferrat. Il aurait été content que Bruel chante Ma môme, Zebda En groupe, en ligue, en procession, Cali la Montagne, Marc Lavoine Camarade. Tous ces gens-là ont grandi soit dans les banlieues rouges, soit dans un milieu engagé. Marc Lavoine l’écrit d’ailleurs dans son livre, son père était cégétiste, membre du PCF, il distribuait l’Huma le dimanche. Tous ont quelque part un souvenir à travers leurs parents ou leurs grands-parents. Ferrat a accompagné deux ou trois générations de Français.

Marc Lavoine « Jean Ferrat, un ami de la famille, même si on ne le connaissait pas »


lavoine1Marc Lavoine – Entretien
À l’initative de l’album de reprises en hommage à Ferrat, Des airs de liberté, par quinze artistes, Marc Lavoine nous explique ce qui le touchait chez celui dont il chante Camarade et la Matinée.

Samedi soir, sur France 2, le Grand Show Ferrat va fêter Jean. Une émission exceptionnelle où se mêleront souvenirs et bonheur de retrouver son visage à la télévision, à travers ses plus belles chansons. Ferrat était un homme de partage chanté par les plus grands artistes, d’Isabelle Aubret à Francesca Solleville ou Allain Leprest. Cinq ans après sa disparition, c’est toute une génération de chanteurs qui lui rend hommage dans un bel album de reprises, Des airs de liberté, où l’on retrouve Marc Lavoine, Patrick Bruel, Cali, Catherine Deneuve et Benjamin Biolay, Julien Doré, Dionysos, Patrick Fiori, Grégoire, Patricia Petibon, Hubert-Félix Thiéfaine, Raphaël, Sanseverino, Natasha St-Pier et Zebda. Un beau casting d’artistes dont certains seront au côté de Michel Drucker, en mémoire du chanteur d’Antraigues qu’ils ont aimé interpréter. Tous nous l’ont dit : Ferrat, c’était autant le poète que l’artiste engagé. Des témoignages émouvants et une manière de transmission de l’œuvre de Ferrat au public d’aujourd’hui qui lui seraient allés droit au cœur.

Vous êtes à l’origine de l’idée du disque hommage à Ferrat, Des airs de liberté, où figurent une quinzaine d’artistes. Que représente-t-il pour vous ?

Marc Lavoine Jean Ferrat était quelqu’un d’extrêmement populaire et utile et, en même temps, il était la discrétion. Il a aussi été très décrié. Un peu comme Goldman qui est entré dans les appartements de La Courneuve avec des chansons snobées par certains. Ça fait du bien d’avoir des gens comme ça. Cela aide beaucoup de jeunes qui ne sont pas des branchés, ni intégrés à des chapelles, à se lancer dans la vie. C’était un type qui, à la fois, avait perdu un doigt dans une machine à l’usine et faisait la passerelle entre nous et Aragon. J’ai eu la chance de le rencontrer. Je l’aime beaucoup, non seulement parce que c’est un ami de la famille d’une certaine façon, même si on ne le connaissait pas. Il a fait du bien à des types comme moi. C’était beau de le voir au palais des Sports. C’était un bel artiste.

Dont la voix était extrêmement émouvante…

Marc Lavoine Une voix fantastique. Il y a des chansons intouchables. Ma France, ce n’est pas facile de reprendre une chanson comme celle-là. J’ai voulu chanter la Matinée (interprétée avec Patricia Petibon) parce que c’est une chanson qui m’a donné une lumière incroyable dans ma vie, qui m’a beaucoup ému. Et Camarade, parce que c’est une rupture dans la vie d’un communiste et ce mois d’août à Prague où le mot camarade prend deux formes, deux visages. Beaucoup de communistes ont été troublés à cette époque. Il y a une brume dans les yeux des gens à ce moment précis, les vieux adhérents, les anciens. J’aime cette chanson et je pense que, pour Jean Ferrat, cela a dû être compliqué de l’écrire. Il a eu raison de la faire.

Marc Lavoine interprète Camarade et la Matinée

Gérard Meys : « Marc Lavoine tenait à interpréter Camarade »

gerard_meys1 Ami et producteur historique de Ferrat, Gérard Meys revient sur la genèse de l’album « Des airs 
de liberté », le Grand Show Ferrat et annonce la préparation d’un documentaire sur le chanteur.

Comment est née l’idée de l’album Des airs de liberté ?

Gérard Meys De Marc Lavoine, il y a cinq ans. Isabelle Aubret était en tournée à Tours. Alors qu’elle était en train de chanter, quelqu’un est monté sur scène et lui a appris le décès de Jean. Bouleversée, Isabelle a annoncé « Jean Ferrat est mort ! » et est tout de même parvenue à finir son tour de chant. Le lendemain, à Marseille, Marc Lavoine a appelé et m’a dit : « Tu dois être effondré. Je veux rendre un hommage à Jean Ferrat avec mes potes. Je tiens à te le dire même si je ne sais pas comment on peut faire .» Et on a mis cinq ans pour réaliser l’album.

Le casting est impressionnant, composé de chanteurs qu’on n’attend pas dans un hommage à Ferrat, tels Raphael, Grégoire, Natasha St-Pier, Julien Doré, Patrick Bruel…

Gérard Meys C’était mon souhait pour cet album, qui est une coproduction (1). Quand Raphael m’a confié : « Je veux absolument chanter J’arrive où je suis étranger », ça m’a bouleversé. Grégoire, lui, a voulu interpréter Tu aurais pu vivre. J’ai été étonné parce que c’est une chanson de Jean tellement personnelle. Il l’avait écrite pour un ami ardéchois qu’il venait de perdre et Grégoire m’a dit : « C’est ce qui vient de m’arriver ». Pareil pour Marc Lavoine, qui tenait à Camarade, qui ouvre le disque. C’est une question politique. Il m’a dit : « Je veux interpréter Camarade avec la même orchestration que celle de Jean Ferrat. Pour moi, c’est les affiches que je collais à seize ans, ma famille. C’est important politiquement. »

Le Grand Show Ferrat va être chargé en émotion. Une émission animée par Michel Drucker, qui a toujours été un proche de Jean. C’est rare, une telle amitié !

Gérard Meys Michel, je l’ai connu au début de sa carrière à la télé lorsqu’il était au service des sports, rue Cognacq-Jay. On s’est retrouvé comme des frères des années plus tard lors des nombreuses émissions qu’il a consacrées à Jean. Pour ce Grand Show, il a voulu lui faire plaisir, comme s’il était là. Il y a toute une séquence sur la censure. On voit même Jean Ferrat lire une lettre au président de TF1 pour le remercier d’avoir passé A la une, une chanson qui attaque la chaîne avec ces fameuses paroles « Après la roue de la fortune/les assassins sont à la une », etc. Je voulais qu’on parle de la censure. C’est d’une importance primordiale dans le parcours de Jean. C’est d’ailleurs comme ça que j’ai obtenu la participation de Zebda dans l’émission, qui m’ont répondu, étonnés : « Nous, à part faire des France 3, on ne passe jamais à la télé ! » Ils n’y croyaient pas.

Un disque, une émission de télévision… y aura-t-il d’autres événements ?

Gérard Meys Jean Ferrat m’a fait une saloperie (rires) puisque je suis son légataire universel, inscrit dans son testament pour l’œuvre passée, actuelle et à venir. J’ai une quarantaine de chansons et je prépare un documentaire sur lui. Je lui dois ça. Je l’ai filmé pendant vingt ans. J’ai commencé à travailler avec lui en 1959, je connais bien sa vie, son parcours, depuis sa naissance à Vaucresson, la rue des Pyrénées où il a vécu, Antraigues, son premier music-hall à L’Alhambra, La Colombe où il a chanté juste avec une guitare. J’ai tous ces documents. Pompeusement, j’ai déposé le titre, les Quatre Saisons de Jean Ferrat, mais j’en changerai peut-être. Je suis en train de chercher un comédien pour la voix et les textes. Je veux quelqu’un qui soit engagé, c’est important de ne pas trahir Ferrat.

(1) Album Des airs de liberté, coproduit par Sony, Columbia et les Disques Meys.

Jean Ferrat, un hommage à plusieurs voix


???????????????????Jean Ferrat  « Des airs de liberté » –  Marc Lavoine, Patrick Bruel, Cali, Julien Doré, Raphaël, Benjamin Biolay et Catherine Deneuve… saluent la mémoire du chanteur disparu il y a cinq ans avec un bel album de reprises.  

Cinq ans après sa disparition le souvenir de notre ami Jean Ferrat reste toujours aussi fort. Les mots du chanteur qui nous a quittés le 13 mars 2010 manquent et sa voix chaude, son regard profond et amical restent à jamais gravés dans nos cœurs. Ferrat c’était la poésie, l’émotion, le cri et des milliers d’admirateurs de ce passeur d’une chanson libre, pudique, amoureuse de la vie comme des vers d’Aragon auxquels il aimait mêler sa plume. Jean Ferrat incarnait cette France fraternelle, toujours prête à s’engager pour un idéal commun. Il était porté par un immense public. Une foule d’anonymes émus par sa disparition qui avaient tenu à saluer sa mémoire au cimetière d’Antraigues-sur-Volane, tandis que quatre millions de téléspectateurs avaient suivi la cérémonie de ses obsèques retransmise en direct à la télévision.

Permettre à cette œuvre exceptionnelle de se poursuivre

Par bonheur, il reste les chansons du poète qui a su magnifiquement chanter l’amour, l’injustice, la France des travailleurs. Un répertoire célébré par plusieurs générations de chanteurs dont Enzo Enzo, Clarika, Jehan, Sanseverino, Allain Leprest, André Minvielle, D’de Kabal et Francesca Solleville, lors d’un spectacle particulièrement émouvant présenté par Michel Drucker, qui a toujours été très proche de Ferrat, à la Fête de l’Humanité en septembre 2010.

Aujourd’hui, le monde de la chanson lui rend hommage avec un album de reprises de ses plus belles chansons baptisé Des airs de liberté. Un projet auquel tenait Marc Lavoine, qui s’était lié d’amitié avec Jean Ferrat  https://www.facebook.com/pages/Jean-Ferrat/43210575439 rencontré lors de l’émission Stars 90, qui a réussi à convaincre Gérard Meys, ami et producteur depuis ses débuts, de sortir ce disque collectif , à paraître lundi chez Sony Music. Un album original composé d’un prestigieux casting d’artistes dont Patrick Bruel, Cali, Catherine Deneuve et Benjamin Biolay, Dionysos, Julien Doré, Patrick Fiori, Grégoire, Marc Lavoine, Patricia Petibon, Raphaël, Sanseverino, Natasha St-Pier, Hubert-Félix Thiéfaine et Zebda.

Une palette d’interprètes qui permet à l’œuvre exceptionnelle de Ferrat de se poursuivre. Un répertoire de quinze chansons qui s’ouvrent par Camarade interprétée par la voix de velours de Marc Lavoine. La Montagne ardéchoise prend des accents de Catalogne avec Cali. Il y a les ambiances pop-rock d’Aimer à perdre la raison revisitée par Mathias Malzieu, du groupe Dionysos. La femme est l’avenir de l’homme se fait sensuelle sous la voix de Julien Doré sur fond d’arrangements électro. Patrick Bruel chante de manière très émouvante Ma Môme. Catherine Deneuve et Benjamin Biolay offrent un duo sensible sur C’est beau la vie.

Le timbre fragile de Raphaël fait mouche sur J’arrive où je suis étranger. Patrick Fiori donne du souffle à la bouleversante Que serais-je sans toi, tandis que Grégoire nous touche avec son interprétation tout en tendresse de Tu aurais pu vivre. Sanseverino, lui, met le feu sur Je ne suis qu’un cri. On retient ses larmes sur Nuit et Brouillard chantée par Hubert-Félix Thiéfaine et on serre les poings à l’écoute d’En groupe, en ligue, en procession interprétée avec fougue par Zebda.

La Québécoise Natasha St Pier est très bien sur Nous dormirons ensemble, ainsi que Patricia Petibon en duo solaire avec Marc Lavoine surla Matinée. Un album qui se clôt par la vibrante Ma France chantée par Jean Ferrat, plus vivant que jamais.

Album hommage à Jean Ferrat Des airs de liberté, chez Sony Music-Columbia.