Jean Ferrat, un hommage à plusieurs voix


???????????????????Jean Ferrat  « Des airs de liberté » –  Marc Lavoine, Patrick Bruel, Cali, Julien Doré, Raphaël, Benjamin Biolay et Catherine Deneuve… saluent la mémoire du chanteur disparu il y a cinq ans avec un bel album de reprises.  

Cinq ans après sa disparition le souvenir de notre ami Jean Ferrat reste toujours aussi fort. Les mots du chanteur qui nous a quittés le 13 mars 2010 manquent et sa voix chaude, son regard profond et amical restent à jamais gravés dans nos cœurs. Ferrat c’était la poésie, l’émotion, le cri et des milliers d’admirateurs de ce passeur d’une chanson libre, pudique, amoureuse de la vie comme des vers d’Aragon auxquels il aimait mêler sa plume. Jean Ferrat incarnait cette France fraternelle, toujours prête à s’engager pour un idéal commun. Il était porté par un immense public. Une foule d’anonymes émus par sa disparition qui avaient tenu à saluer sa mémoire au cimetière d’Antraigues-sur-Volane, tandis que quatre millions de téléspectateurs avaient suivi la cérémonie de ses obsèques retransmise en direct à la télévision.

Permettre à cette œuvre exceptionnelle de se poursuivre

Par bonheur, il reste les chansons du poète qui a su magnifiquement chanter l’amour, l’injustice, la France des travailleurs. Un répertoire célébré par plusieurs générations de chanteurs dont Enzo Enzo, Clarika, Jehan, Sanseverino, Allain Leprest, André Minvielle, D’de Kabal et Francesca Solleville, lors d’un spectacle particulièrement émouvant présenté par Michel Drucker, qui a toujours été très proche de Ferrat, à la Fête de l’Humanité en septembre 2010.

Aujourd’hui, le monde de la chanson lui rend hommage avec un album de reprises de ses plus belles chansons baptisé Des airs de liberté. Un projet auquel tenait Marc Lavoine, qui s’était lié d’amitié avec Jean Ferrat  https://www.facebook.com/pages/Jean-Ferrat/43210575439 rencontré lors de l’émission Stars 90, qui a réussi à convaincre Gérard Meys, ami et producteur depuis ses débuts, de sortir ce disque collectif , à paraître lundi chez Sony Music. Un album original composé d’un prestigieux casting d’artistes dont Patrick Bruel, Cali, Catherine Deneuve et Benjamin Biolay, Dionysos, Julien Doré, Patrick Fiori, Grégoire, Marc Lavoine, Patricia Petibon, Raphaël, Sanseverino, Natasha St-Pier, Hubert-Félix Thiéfaine et Zebda.

Une palette d’interprètes qui permet à l’œuvre exceptionnelle de Ferrat de se poursuivre. Un répertoire de quinze chansons qui s’ouvrent par Camarade interprétée par la voix de velours de Marc Lavoine. La Montagne ardéchoise prend des accents de Catalogne avec Cali. Il y a les ambiances pop-rock d’Aimer à perdre la raison revisitée par Mathias Malzieu, du groupe Dionysos. La femme est l’avenir de l’homme se fait sensuelle sous la voix de Julien Doré sur fond d’arrangements électro. Patrick Bruel chante de manière très émouvante Ma Môme. Catherine Deneuve et Benjamin Biolay offrent un duo sensible sur C’est beau la vie.

Le timbre fragile de Raphaël fait mouche sur J’arrive où je suis étranger. Patrick Fiori donne du souffle à la bouleversante Que serais-je sans toi, tandis que Grégoire nous touche avec son interprétation tout en tendresse de Tu aurais pu vivre. Sanseverino, lui, met le feu sur Je ne suis qu’un cri. On retient ses larmes sur Nuit et Brouillard chantée par Hubert-Félix Thiéfaine et on serre les poings à l’écoute d’En groupe, en ligue, en procession interprétée avec fougue par Zebda.

La Québécoise Natasha St Pier est très bien sur Nous dormirons ensemble, ainsi que Patricia Petibon en duo solaire avec Marc Lavoine surla Matinée. Un album qui se clôt par la vibrante Ma France chantée par Jean Ferrat, plus vivant que jamais.

Album hommage à Jean Ferrat Des airs de liberté, chez Sony Music-Columbia.

Fauve ressort les griffes pour mieux rugir sur scène


Fauve1Fauve – Un an après le succès de son premier disque, le collectif parisien sort Vieux Frères, partie 2. Un album rap et pop-rock marqué par une poésie urbaine dense et sombre mais aussi plus lumineuse, avant une grande tournée, dont une série de concerts à Paris qui s’annoncent très fiévreux. https://doublenote.wordpress.com/

Un nom de scène inspiré du film de Cyril Collard les Nuits fauves. Une fièvre des mots portée par un spoken-word sombre et lumineux. Le collectif Fauve est de retour avec Vieux Frères, partie 2. Soit le deuxième volet de leur album paru il y a un an qui oscille entre tension, tourments et apaisement. Un disque qui témoigne de la trajectoire du groupe devenu en l’espace de dix-huit mois un phénomène rock, remplissant les salles un peu partout, comme lors de sa série de concerts au Bataclan en 2014. Chronique de l’univers des cinq musiciens à l’origine de Fauve, l’opus se nourrit des impressions et des expériences vécues en tournée. On y retrouve l’écriture aux contours littéraires du groupe mêlant rap et pop-rock, un flow tendu aux mots scandés, reflets d’un certain malaise générationnel. Une sortie marquée par cette même volonté de ne pas se dévoiler totalement. C’est qu’il préfère le clair-obscur à la lumière crue qui trop souvent tue le mystère. Si Fauve avance dans la pénombre, c’est qu’il entend laisser parler ses chansons dans lesquelles s’exprime une poésie dense et fiévreuse.

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Chaque mot fait de rage, 
de révolte et de mélancolie

Le succès du groupe a d’abord eu lieu sur Internet puis dans les médias avant qu’il n’explose en disque et sur scène. Quand ses membres ont commencé à composer en 2010, c’était pour répondre à leurs questionnements existentiels. Le public, lui, s’est rapidement reconnu dans leur répertoire, se nourrissant de chaque mot fait de rage, de révolte et de mélancolie, courant sous la plume de Fauve. https://www.facebook.com/FAUVEcorp

Des chansons renforcées sur scène par la projection d’images vidéo, offrant plus encore de rêveries possible. Avec eux, il n’y a pas de demi-mesure, on aime ou l’on déteste, voir les commentaires tranchés qui courent sur la Toile et les réseaux sociaux. Mais jamais les punchlines (vers percutants) de Fauve ne laissent indifférent. Les 15-25 ans s’y retrouvent majoritairement séduits et intrigués par cette poésie urbaine qui dit des choses sur nos vies en manque de repères. Chacun cherche sa vérité. À commencer par le collectif, qui, depuis Blizzard, mini-album paru en 2013, tente de trouver sa lumière à travers les thèmes personnels de ses chansons.

Un univers original renforcé par la volonté jamais démentie depuis ses débuts de garder l’anonymat. Aucune photo de face des membres du groupe, pas d’émission de télévision. Ils n’ont ainsi pas voulu postuler aux victoires de la musique, afin d’être cohérents avec leur philosophie d’indépendance. Dans le même esprit, Fauve a toujours su se tenir à l’écart des majors pour mieux préserver son autonomie : « Plus les choses avancent, plus on se rend compte que la forme a autant d’importance que le fond, confiaient récemment à l’AFP deux musiciens du groupe. On ne dit pas que les maisons de disques c’est de la merde, mais on se rend compte que les propos de Fauve pourraient être galvaudés par de mauvaises décisions liées à la forme. Là, il n’y a pas un choix qu’on ne peut pas assumer. » Une démarche d’indépendance qui l’a poussé à créer sa propre structure, composée d’une vingtaine de personnes, Fauve Corp, afin de garder la main sur les productions, le management, les disques, les vidéoclips ou encore les tarifs des albums ou des concerts réfléchis afin qu’ils soient le plus abordable possible.

À l’origine d’un style « chanter-parler », Fauve continue de privilégier l’aspect conversation de ses chansons. Une manière de s’adresser à l’individualité plutôt qu’à la masse de public, où chacun peut se faire son propre voyage : « Fauve, c’est de l’introspection, une sorte de confidence à un ami », souligne le groupe.

Des textes exutoires d’un certain mal de vivre où le sentiment d’urgence du premier album laisse place désormais à des atmosphères plus apaisées. Cela reste sombre mais sans doute plus lumineux. Comme si le besoin d’espace et d’air renouvelé après les tourments du premier opus se faisait sentir. On ouvre ainsi par Juillet et son errance urbaine et l’on finit par les Hautes Lumières, titre teinté d’espoir et de lyrisme amoureux : « Je t’emmène loin des griffes de la colère / des regrets / des nausées / Je t’emmène courir après des filles / Après des garçons / Après des rêves », chante Fauve. La promesse d’un troisième album plus serein?

Album Vieux Frères, partie 2. En tournée 
à partir du 4 mars. Le 10 mars au Nouveau Casino, 11 mars à la Gaîté lyrique, 12 mars 
au Bataclan, 13 mars à l’Olympia, 17 mars 
au Casino de Paris, 18 mars au Trianon…

Stephan Eicher et les automates au Théâtre des Bouffes du Nord


EicherBouffesduNord1Stephan Eicher – Seul en scène au Théâtre des Bouffes du Nord, le chanteur suisse se fait homme-orchestre dans un magique et inventif spectacle «Stephan Eicher und die Automaten» dans lequel il réinvente totalement son univers. A voir également bientôt au Printemps de Bourges et aux Francofolies de la Rochelle cet été. https://doublenote.wordpress.com/

Il a joué dans les plus grandes salles, en formation rock ou entouré de cents musiciens comme lors du dernier festival de Montreux. Stephan Eicher https://www.facebook.com/stephaneicher avait envie d’aller à l’opposé de ces expériences scéniques en se produisant seul, privilégiant cette fois les ambiances acoustiques ou synthétiques. Au Théâtre des Bouffes du Nord, http://www.bouffesdunord.com/ le voilà au milieu d’une suite d’instruments, piano droit, tuyaux d’orgue lumineux, percussions, glockenspiel.

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Une sorte de cabinet de curiosité musicale imaginé par le chanteur bernois, véritable homme-orchestre qui nous entraine dans un monde d’automates. Tout est mécanisé ici, des claviers à la batterie ou au  glockenspiel dont chaque mouvement de touches ou de baguettes s’accompagnent de petites lumières clignotantes. Un décor à la fois rétro et féérique où Eicher joue du piano à la conquête duquel il se lance  fait-il remarquer, de la guitare acoustique ou électrique, commande ses machines magiques déclenchées du bout du pied sur des boitiers au sol ou depuis son clavier ou ses guitares. Un univers fascinant et enfantin parfois quand le chanteur nous invite dans sa chambre d’adolescent où il se rappelle son «quatre pistes» où il passait des heures à enregistrer. D’ordinaire plutôt sombre, Eicher se fait blagueur et va jusqu’à rire: «Je rigole beaucoup quand j’ai peur !» lance-t-il.

Dans son nouveau spectacle Stephan Eicher und die Automaten, il fait une incursion dans le monde de la science et de l’électricité. Il cite l’inventeur et ingénieur né en Serbie, Nikolas Tesla et ses travaux sur l’énergie électrique. Tout vient de là  observe-t-il laissant alors la place aux arrangements électro qui donnent  une couleur futuriste à ses anciennes chansons.

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Il y a de la magie dans cet univers aux teintes sépia et on n’est pas loin de l’illusionnisme dans l’utilisation de ces instruments mécaniques qui semblent presque vivants, animés par des musiciens invisibles. Des machines qui pourraient dominer l’humain mais à la fin, c’est bien la poésie qui l’emporte dans ce combat imaginaire. Le chanteur a gardé des horlogers suisses l’art de la précision. Tout est réglé comme sur du papier à musique. C’est orchestral, léger et fluide. Un bastringue forain où prennent vie de nouvelles chansons de son complice, l’écrivain Philippe Djian («Si tu veux que je chante», «Doux Dos», «Prisonnière») ainsi que ses plus grands succès revisités («Combien de temps», « Pas d’ami comme toi» , «Déjeuner en paix), qui paraissent renaitre à la faveur de cette orchestration automate. Un spectacle concert d’une grande inventivité qui permet à Stephan Eicher de se réinventer en beauté.

  • Stephan EIcher und die automaten jusqu’au 21février au Théâtre des Bouffes du Nord, 37bis Boulevard de la Chapelle, 75010 Paris. Tel : 01 46 07 34 50. 

Un spectacle repris en tournée notamment le 26 avril au Printemps de Bourges et le 14 juillet aux Francofolies de La Rochelle.

La reine Christine et Julien Doré sacrés aux Victoires de la musique


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Le palmarès des 30èmes Victoires de la musique a récompensé les artistes de toutes les générations, Christine and The Queens, Julien Doré, Calogero, Cascadeur, Benjamin Clementine, Akhenaton, Alain Souchon et Laurent Voulzy.

Quatre heures d’une cérémonie interminable ! Il a fallu s’armer de patience pour aller au bout d’une émission qui s’est achevée vers une heure du matin. Trop longue comme on le craignait. Mais bon, on n’a pas tous les jours trente ans et sans doute les organisateurs ont-ils voulu goûter leur plaisir en cette soirée anniversaire, multipliant les vidéos des grands moments qui ont marqué l’histoire des Victoires de la musique. De quoi ajouter au programme déjà bien chargé de la cérémonie avec en prime la création pour l’occasion d’une Victoire des 30 ans. Un prix spécial attribué à David Guetta, Jean-Louis Aubert, IAM et Rachid Taha dans les catégories musiques électro, rock, rap et musiques du monde.

La cérémonie retransmise vendredi soir France 2 depuis le Zénith de Paris, a manqué de suspense tellement on s’attendait à la Victoire légitime, d’Héloïse Letissier alias Christine and The Queens. Nommée dans cinq catégories, la chanteuse nantaise est repartie avec la Victoire du Vidéo-clip («Saint-Claude ») et surtout celle de l’artiste féminine de l’année : «C’est très étrange a-t-elle dit. Il y a un an, j’étais ici comme une toute jeune découverte, comme un petit enfant, j’étais un peu déguisée en Victoires de la musique. En l’espace d’un an, il s’est passé énormément de choses. Je voudrais remercier Christine bien sûr. Parce que Christine, c’est le prénom que j’ai trouvé pour aller un petit peu mieux, pour chanter, écrire. Et dire des choses que je n’osais pas dire». Et de poursuivre : «C’est Christine l’interprète féminine. Elle vous appartient aussi. C’est vous qui avez fait de Christine ce beau personnage ».

Stromae a remporté le prix du spectacle musical pour son «Racine Carrée Tour», sa 4ème Victoire après les trois autres de l’an dernier : «J’espère que je ne vous saoule pas trop !» a-t il lancé tout sourire, conscient que le phénomène Stromae qui l’accompagne, pouvait avoir quelque chose de pesant. Le prix de l’album rock est fort logiquement allé au groupe The Do emmené par la tonique chanteuse Olivia en combinaison rouge et son complice Dan. Le prix de l’album de musiques électroniques a été remis au talentueux et énigmatique Cascadeur, lequel n’a pas révélé son visage, préférant monter sur scène avec son casque d’astronaute. Les premières Victoires casquées en 30 ans de cérémonie!

Autre prix mérité, celui attribué à Julien Doré, couronné Artiste masculin. Très ému, il a eu une pensée pour l’astrophysicien Hubert Reeves et l’essayiste Pierre Rabhi: « Ils ont changé ma façon de penser et ma façon de vivre ma liberté au quotidien avec ma musique». Le prix des musiques du monde est allé au groupe Rivière Noire, l’album Révélation à la chanteuse Indila et l’album musiques urbaines à Akhenaton. Quant à Alain Souchon et Laurent Voulzy, ils ont reçu le trophée de l’album de chansons : «C’est un plaisir d’être adoubé comme ça par tout le monde après tant d’années !» a lancé Souchon tandis que Voulzy s’amusait du fait qu’ils ont commencé leur carrière séparément et qu’aujourd’hui «on forme un groupe !».

Restent deux belles Victoires, celle de Calogero pour la chanson originale «Un jour au mauvais endroit» ainsi que celle du charismatique chanteur anglais d’origine ghanéenne Benjamin Clementine (Révélation scène) : «C’est un honneur d’être récompensé ce soir a-t-il dit. Vous autres Français êtes conscients de la richesse de votre musique, de vos arts, de votre culture, de votre poésie. Baudelaire, Léo Ferré… Les jeunes Français doivent savoir qu’ils ont un patrimoine et qu’ils peuvent faire beaucoup de choses avec leur vie. Il faut que nous soyons réunis et qu’ensemble, nous essayons de devenir quelqu’un et de faire quelque chose».